Jean-Michel YOLIN                                                                                   Hourtin le Mardi 24 août 1999

Internet collectivités locales et développement économiqueles 7 défis de l’internet

Le rôle qui m’a été confié dans cette journée est d’essayer de mettre le projecteur sur une des responsabilités des collectivités locales qui, avec la décentralisation conjuguée à la mondialisation prend chaque jour plus d’ampleur: les problèmes de développement économique et d’emploi, et d'essayer de voir, sur ce plan, dans quels domaines les technologies de l'Internet leur lancent de nouveaux défis

En effet le "cocktail" Euro + Internet va donner un double coup d’accélérateur à la compétition économique et peu d'entreprises même très petites, même dans un village reculé, peuvent se croire raisonnablement à l'abri de cette compétition.

Inversement de nouvelles opportunités peuvent permettre l'éclosion de petites start-up ou redonner de nouveaux horizons à des secteurs traditionnels, porteurs de culture et de qualité de vie pour lesquelle une part même minuscule du marché mondial peut s'avérer considérable (couteaux de laguiole, gastronomie, santons,…)

Bien entendu il n’est pas question que les pouvoirs publics à quelque niveau que ce soit, se substituent aux entreprises ou aux opérateurs: tant les règles bruxelloises que les résultats des errement du passé nous en dissuaderaient.

Il n'en reste pas moins que les pouvoirs publics ont une responsabilité déterminante dans la création d’un environnement propice au développement des entreprises implantées sur leurs territoires.

Cela concerne à la fois les niveaux Européen, National, Régional et Local. Je limiterai aujourd’hui mon propos aux niveaux Régional et Local.

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Essayons d'examiner quelques domaines domaines dans lesquels Internet lance un défi aux collectivités locales:
j'en ai relevé 7

1er défi : fournir des prestations de meilleure qualité au meilleur prix:

Par le biais de l’impôt, la performance de la collectivité contribue directement à celle de l’entreprise

Les technologies de l'Internet permettent d’échapper aux systèmes informatiques propriétaires et donc d’effondrer les coûts des télécommunications et de l'informatiques et avec des programmes de meilleure qualité.

Un Intranet, un site Web transactionnel, un Extranet intercommunal permettent d’économiser les unités d’œuvre à faible valeur ajoutée : messagerie, gestion, logistique, fourniture d’information banale, recherche d’information déplacements inutiles grâce aux téléalarme-télégestion-téléaffichage-télémaintenance, paperasse diverse, ...

….pour consacrer les moyens humains là où ils sont irremplaçables : écoute, conseil, présence auprès des personnes en difficulté, innovation, esprit d’initiative,…Un point n’a pas été assez souligné peut-être : les achats.

2ème défi: donner aux industriels ce qu’il y a de plus précieux pour eux: des gains de temps 3ème défi : l’éducation.

Autrefois la prospérité provenait de la fécondité de la terre puis de la disponibilité de ressources naturelles: charbon, fer, pétrole, ...Aujourd’hui la qualité et le niveau d’éducation des hommes sont clairement devenus la principale richesse, (et cela ressort clairement des questions posées par tous les candidats à une implantation):

Il convient d'agir aux deux niveaux

il faudrait introduire l’ordinateur dès l’école maternelle,

en effet son utilisation est très intuitive et à Singapour par exemple, pays qui a décidé de faire d’internet la pierre angulaire de son développement, les jeunes élèves savent surfer avant de savoir lire et écrire.

Ne faut-il pas introduire l'internet à l'âge de la curiosité naturelle "dis papa pourquoi les cigognes…" plutôt qu'à celui où les enfants ont appris à se taire et à prendre des notes?
 

outre le gain d’efficacité pour ces structures qui animent la vie locale c’est sans doute une des formations-action les plus efficaces pour leurs membres au profit de l'économie régionale (exemple de Partenay) .
En outre les associations participent de plus en plus directement à la dynamique économique locale (en particulier dans le domaine de la culture, de l'environnement, du tourisme ou de l'action sociale) et représentent en outre une source non négligeable de la création d'emploi
4ème défi : la collectivité locale fait partie intégrante d’un tissu économique solidaire:

Elle est un acteur économique direct ou indirect (à travers des régies, syndicats mixtes,…) mais toujours important du développement local: tourisme, centre de congrès, immobilier, marchés agricoles, voieries, aménagements fluviaux,….

Une des composantes de cette politique est une action de promotion à laquelle l'Internet peut aussi contribuer (site Web, Push ciblés, ...) mais cette fois-ci, non pas tourné vers les habitants mais vers le World Wide Web

Il ne faut pas bien entendu en rester à l’information promotionnelle et il convient d'embrayer sur l’action : il faut un site transactionnel visant à apporter une réponse globale au besoin du "client".

Il faut pouvoir d’un même mouvement connaître les heures d’ouverture du musée, réserver une place au théâtre, une chambre d’hôtel et une voiture ...

Réaliser cela implique que tous les acteurs locaux son branchés et travaillent en réseau et la collectivité locale a sur ce plan une responsabilitéde faciliteur-coordonnateur naturel

5ème défi : il faut aider nos PME à prendre conscience du fantastique challenge d’Internet :

Nos PME n’ont pas encore la même conscience que leurs concurrentes d’Europe du Nord des extraordinaires possibilités que peut leur offrir Internet

Elles ne voient souvent que des aspects superficiels et marginaux comme le Web "plaquette", la vente en ligne au grand public ou le "surf", et, du coup, pensent qu’elles ne sont pas concernées par une technologie (que de plus elles considèrent à tort comme "haute").

Elles ne voient ni la possibilité qui s’offre à elles d’améliorer leur compétitivité et leur réactivité ni celle de doper leur développement: service après vente, recrutement, achats, recherche d’appel d’offres, conduite de projet, veille technologique, intelligence économique, relations avec les donneurs d’ordre par EDI, co-ingenierie, fonctionnement des communautés professionnelles, marketing, catalogues électroniques, recherche de partenaires, …

Elles n’ont pas toujours conscience non plus du danger qu’il y aurait de repousser les décisions à plus tard: Dans un environnement de plus en plus compétitif le temps perdu se rattrape difficilement.

Le rôle des pouvoirs publics me paraît être :

Internet tout à la fois renforce la vie locale et l’ouvre sur l’international.

6ème défi : il faut que le territoire soit "compétitif en particulier pour les télécommunications

Il faut que les entreprises qui ont lié leur destin avec ce territoire ne soient pas pénalisées par rapport à leurs concurrents implantés ailleurs.

Il faut également que des entreprises extérieures ayant des projets de développement puissent considérer que c’est un bon choix que de s’implanter là.

Aujourd’hui la qualité des liaisons télécoms, leur débit et leur coût sont considérés comme de plus en plus déterminants pour le choix d’une implantation et la compétitivité des entreprises déjà présentes.

Avec la fin du monopole une sévère compétition s’engage qui va amener une baisse des coûts sans doute très rapide (aujourd’hui une liaison à haut débit à Paris est 5 fois plus chère qu’à New York).

Mais cette compétition ne se produira que sur le cœur du marché : les quartiers d’affaire et les très grandes villes qui sont les véritables enjeux pour les nouveaux opérateurs.

Le risque serait de voir se creuser encore les écarts entre Régions prospères et les autres avec une accentuation des déséquilibres préjudiciables à tous.

Il convient donc d’être attentif à cette question et de s’assurer que dans les zones concernées par une politique d’aménagement du territoire (zones minières ou sidérurgiques, grand sud-ouest ...) la qualité et le coût des infrastructures sont compétitifs par rapport aux régions concurrentes notamment en Europe.

7ème défi : repenser la ville, son fonctionnement et son urbanisme

Les nouveaux moyens de transport ont de tout temps conduit à "repenser" la ville ou plus grave à constater après coup (sans que l’on ait vraiment vu venir le coup!) qu’elle avait été déstructurée, voire rayée de la carte.

Ce fut le cas pour les routes, les fleuves, les transports transatlantiques puis le chemin de fer, la voiture, ...: que de villes autrefois florissantes dont les monuments témoignent de la splendeur passée sont devenues de modestes bourgades...

Il y a tout lieu de penser qu’il en sera de même avec l’Internet qui est un formidable outil à remettre en cause les notions de temps et d’espace.

Pensons par exemple au Télétravail (qui a aujourd’hui quelques difficultés conceptuelles à émerger car un certain nombre de gens confondent encore deux notions qui pourtant n’ont rien de commun

Saurons-nous comprendre ces phénomènes pour les anticiper et savoir tirer le bon côté de cette nouvelle langue d’ Esope ? C’est ce à quoi nous devons nous atteler.

CONCLUSION: un nécessaire engagement du Patron

N’oublions pas que ces défis d’Internet sont stratégiques et non technologiques :

Une collectivité locale ne pourra s’y engager sérieusement que si son patron s’y engage lui-même. Il faut qu’il ait une vision suffisante des capacités de l’outil pour arrêter une stratégie, conduire la manœuvre sans se laisser manipuler par des "vendeurs de solutions".

Cela étant ne confondons pas stratégie et planification : Internet apporte trop de modifications organisationnelles pour se laisser enfermer dans un plan.

Les mots clef sont là : l’humilité, l’écoute, la réactivité et une farouche détermination d’aller de l’avant.

Comme le répètent nos amis américains :

START SIMPLE, GROW FAST, DO IT NOW





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